Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/62

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
62
HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

ou de tout ce qu’ils ont aimé, mais surtout les êtres dont la sexualité s’est sublimée, ont trouvé leur bonheur dans le christianisme.

96.

Le christianisme accompli. — Il y a même, dans le sein du christianisme, un sentiment épicurien qui part de l’idée que Dieu ne peut demander à l’homme, sa créature faite à son image, que ce que celui-ci est à même d’accomplir, que, par conséquent, la vertu et la perfection chrétiennes peuvent être atteintes et le sont souvent. Si donc on croit, par exemple, que l’on aime ses ennemis — quand même ce ne serait qu’une croyance, un jeu de l’imagination et nullement une réalité psycholpgique (donc pas de l’amour) — on devient parfaitement heureux tant que persiste cette croyance. (Pourquoi en est-il ainsi ? le psychologue et le chrétien ne seront certainement pas d’accord à ce sujet). Il se pourrait donc que la vie terrestre devînt, par la foi, je veux dire par l’imagination, par l’idée que l’on satisfait non seulement à cette revendication d’aimer ses ennemis, mais encore à toutes les autres prétentions chrétiennes et que l’on s’est vraiment approprié et assimilé la mise en demeure chrétienne « soyez parfait comme votre père qui est âux cieux est parfait », que la vie terrestre devînt, en effet, une vie bienheureuse. L’erreur peut donc transformer en vérité la promesse du Christ.

97.

De l’avenir du christianisme. — On peut faire