ment et entièrement irréligieux. Si, avec des hommes
de la dernière espèce, on se sent dans le voisinage
des hauts sommets, où les fleuves puissants
ont leur source, avec les hommes pieux on se croirait
sous des arbres tranquilles et pleins de sève,
aux larges ombrages.
Assassinats légaux. — Les deux plus grands.
assassinats légaux de l’histoire universelle sont,
pour parler sans détour, des suicides masqués et
bien masqués. Dans les deux cas on voulait mourir,
dans les deux cas on se fit enfoncer l’épée dans la
poitrine par la main de l’injustice humaine.
« Amour ». — Le plus subtil artifice qui donne au christianisme l’avantage sur les autres religions se trouve dans un seul mot : le christianisme parle d’amour. C’est ainsi qu’il devint la religion lyrique (tandis que, dans ses deux autres créations, le sémitisme avait donné au monde des religions héroïco-épiques). Il y a dans le mot amour quelque chose de si ambigu qui stimule, qui parle au souvenir et à l’espérance que l’éclat de ce mot rayonne sur l’intelligence même la plus basse et le cœur le plus froid. La femme la plus rusée et l’homme le plus vulgaire songent à ce moment qui, de toute leur vie, a peut-être été relativement le plus désintéressé, Éros n’eût-il pris chez eux qu’un vol fort bas ; et ces êtres innombrables qui sont privés d’amour, privés soit de leurs parents, soit de leurs enfants