aux mœurs et à la moralité : la moralité n’étant
que le sentiment que l’on a de l’ensemble des coutumes,
sous l’égide desquelles on vit et l’on a été
élevé — élevé, non en tant qu’individu, mais comme
membre d’un tout, comme chiffre d’une majorité.
— C’est ainsi qu’il arrive sans cesse qu’un individu
se majore lui-même au moyen de sa moralité.
Le bien et la bonne conscience. — Vous pensez
que toutes les bonnes choses ont eu de tout temps
une bonne conscience ? — La science, qui est certainement
une très bonne chose, a fait son entrée
dans le monde, sans celle-ci et sans aucune espèce
de pathos, secrètement, bien au contraire, passant
le visage voilé ou masqué, comme une criminelle, et
toujours affligée du sentiment de faire de la contrebande.
Le premier degré de la bonne conscience
est la mauvaise conscience — l’une ne s’oppose pas
à l’autre : car toute bonne chose commence par
être nouvelle, par conséquent inusitée, contraire
aux coutumes, immorale, et elle ronge, comme un
ver, le cœur de l’heureux inventeur.
Le succès sanctifie les intentions. — Il ne faut point craindre de suivre le chemin qui mène à une vertu, lors même que l’on s’apercevrait que l’égoïsme seul, — par conséquent l’utilité et le bien-être personnels, la crainte, les considérations de santé, de réputation et de gloire, sont les motifs qui y poussent. On dit que ces motifs sont vils et intéres-