Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/55

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
55
OPINIONS ET SENTENCES MÊLÉES

accuse sa destinée ou bien lorsque l’on s’accuse soi-même. — Toute plainte est une accusation, toute joie est une louange : que nous fassions l’une ou l’autre chose, toujours nous rendons quelqu’un responsable.

79.

Deux fois injuste. — Nous favorisons parfois la vérité par une double injustice, c’est le cas lorsque, nous voyons et représentons, l’une après l’autre, les deux faces d’une chose que nous ne sommes pas capables de voir à la fois, mais de façon à méconnaître ou à nier chaque fois l’autre face, avec l’illusion que ce que nous voyons est toute la vérité.

80.

La méfiance. — La méfiance de soi n’a pas toujours des allures farouches et incertaines, elle est parfois comme frénétique : elle s’enivre pour ne pas trembler.

81.

Philosophie du parvenu. — Si l’on veut à toute force être quelqu’un, il faut aussi vénérer sa propre ombre.

82.

S’entendre à se laver proprement. — Il faut s’entendre à sortir plus propre encore de conditions malpropres et à se laver aussi avec de l’eau sale, si cela est nécessaire.