Pourquoi les sceptiques déplaisent à la morale.
— Celui qui place très haut sa moralité et la prend
très au sérieux, en veut à celui qui est sceptique sur
le domaine de la morale : car quand il met toute
sa force en jeu on doit s’extasier, et non point
examiner et douter. — Il y a encore des natures
chez qui tout ce qui reste de moralité est précisément
la foi en la morale : celles-ci se comportent de
la même façon à l’égard des sceptiques, au besoin
avec plus de passion encore.
Timidité. — Tous les moralistes sont timides,
parce qu’ils savent qu’ils sont confondus avec les
espions et les traîtres, dès que l’on remarque leur
penchant ; ils ont, de plus, conscience que, d’une
façon générale, ils sont faibles dans l’action : car, au
milieu de leur œuvre, les motifs qui les poussent à
agir détournent presque entièrement leur attention
de l’œuvre.
Un danger pour la moralité universelle. —
Les hommes qui sont à la fois nobles et loyaux
parviennent à diviniser la moindre diablerie que
leur honnêteté fait éclore, et à faire s’arrêter, pour
un moment, la balance du jugement moral.
L’erreur la plus amère. — On est irréconcilia-