Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
44
HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

son amertume qu’en voulant l’exprimer : pour lui il sera plus salutaire de rentrer l’expression de sa colère : la contrainte que s’imposent les hommes de cette espèce, devant leurs ennemis ou leurs supérieurs, adoucit leur caractère et empêche celui-ci de devenir cassant ou amer.

45.

Ne pas prendre trop à cœur. — Il est désagréable de se meurtrir à force de rester couché, mais ce n’est pas encore une preuve contre l’efficacité du traitement qui vous détermina à vous mettre au lit. — Les hommes qui ont longtemps vécu en dehors et qui se sont enfin tournés vers la vie intérieure et l’isolement philosophique savent qu’il y a aussi une façon de se meurtrir l’esprit et le sentiment à force de les coucher dans le même cercle. Ce n’est donc pas là un ’argument contre l’ensemble du genre de vie que l’on a choisi, mais cela exige de petites exceptions et des récidives apparentes.

46.

L’humaine « chose en soi ». — La chose la plus vulnérable et pourtant la plus invincible, c’est la vanité humaine : sa force grandit même par la blessure et peut finir par devenir gigantesque.

47.

Ce qu’il y a de comique chez beaucoup de gens laborieux. — Par un surcroît d’efforts, ils arrivent à se conquérir des loisirs et, lorsqu’ils sont arrivés à leurs fins, ils ne savent rien en faire, sinon de