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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

lèvres pour siffler, que le dieu apparut devant moi, le dieu que je connaissais depuis longtemps, et il se prit à dire :

— Eh bien ! attrapeur de rats, que viens-tu donc faire ici ? Toi qui es à moitié jésuite et à moitié musicien, et presque un Allemand ? »

(Je m’étonnai qu’un dieu cherchât à me flatter de cette manière, et je me proposai d’être sur mes gardes à son égard.)

— J’ai tout fait pour les rendre bêtes, reprit-il. Je les ai fait suer dans leur lit, je leur ai fait manger des klœsse et leur ai commandé de boire jusqu’à s’affaisser par terre, je fis d’eux des casaniers et des savants, et leur ai donné les sentiments misérables d’une âme de domestiques…

— Tu me sembles venir avec de mauvaises intentions, répondis-je. Tu as l’air de vouloir la destruction de l’homme.

— Peut-être, répondit le dieu. Mais de façon à ce que le résultat soit heureux pour lui…

— Quoi donc ? m’écriai-je avec curiosité.

Qui donc ? devrais-tu demander ! — Ainsi parla Dionysos, puis il se tut de la façon qui lui est particulière, c’est-à-dire en séducteur. Vous auriez dû voir l’air qu’il avait !

C’était le printemps, et dans tous les arbres montait la jeune sève. »



La disposition selon laquelle Nietzsche a groupé les matières dans la première partie d’Humain, trop humain est la même pour ce volume-ci. Chacun des deux opuscules devrait se diviser en neuf chapitres, mais l’auteur n’a pas marqué par des divisions visibles ce parallélisme intérieur, laissant à chaque lecteur le soin de reconnaître dans cet ouvrage un développement logique et une amplification de l’œuvre principale.

Il nous a paru cependant intéressant de reproduire ici une disposition établie par M. P. Gast, qui montre la concordance entre les matières des deux volumes :