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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE



347.

Digne d’un héros. — Voici un héros qui n’a pas fait autre chose que de secouer l’arbre dès que les fruits étaient mûrs. Cela vous semble-t-il être trop peu de chose ? Voyez donc l’arbre qu’il a secoué.

348.

À quoi l’on peut mesurer la sagesse. — Le surcroît de sagesse se laisse mesurer exactement d’après la diminution de bile.

349.

L’erreur présentée d’une façon désagréable. — Ce n’est pas du goût de tout le monde d’entendre la vérité dite d’une façon agréable. Mais personne ne doit s’imaginer que l’erreur devient vérité lorsqu’on la présente d’une façon désagréable.

350.

La maxime dorée. — On a mis beaucoup de chaînes à l’homme pour qu’il désapprenne de se comporter comme un animal : et, en vérité, il est devenu plus doux, plus spirituel, plus joyeux, plus réfléchi que ne sont tous les animaux. Mais dès lors il souffre encore d’avoir manqué si longtemps d’air pur et de mouvements libres : — ces chaînes cependant, je le répète encore et toujours, ce sont ces erreurs lourdes et significatives des représentations morales, religieuses et métaphysiques. C’est seulement quand la maladie des chaînes sera surmontée que le premier grand but sera entièrement