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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

des pensées qui participent de ces trois qualités, des pensées où tout ce qui est terrestre arrive à se transfigurer : c’est l’empire où règne la grande trinité de la joie.

333.

Mourir pour la « vérité ». — Nous ne nous ferions pas brûler pour nos opinions, tant nous sommes peu sûrs d’elles. Mais peut-être pour le droit d’avoir nos opinions et de pouvoir en changer.

334.

Avoir sa taxe. — Si l’on veut passer exactement pour ce que l’on est, il faut être quelque chose qui possède sa taxe. Mais n’a une taxe que ce qui est d’un usage vulgaire. Par conséquent ce désir est ou bien la suite d’une modestie intelligente — ou d’une immodestie stupide.

335.

Morale pour ceux qui bâtissent. — Il faut enlever les échafaudages lorsque la maison est construite.

336.

Sophocléisme. — Qui a mis plus d’eau dans son vin que les Grecs ! La sobriété alliée à la grâce — ce fut là le privilège de noblesse des Athéniens du temps de Sophocle et de ceux qui vinrent après lui. Que celui qui le peut fasse de même ! Dans la vie et dans la création !