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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

si l’on ne s’est pas refusé une fois au moins quelque petite chose : cette gymnastique est indispensable lorsque l’on veut se conserver la joie d’être son propre maître.

306.

Se perdre soi-même. — Lorsque l’on est arrivé à se trouver soi-même, il faut s’entendre à se perdre de temps en temps — pour se retrouver ensuite : en admettant, bien entendu, que l’on soit un penseur. Car il est préjudiciable à celui-ci d’être toujours lié à une seule personne.

307.

Quand il faut prendre congé. — Il faut que tu prennes congé de ce que tu veux connaître et mesurer, du moins pour un temps. Ce n’est qu’après avoir quitté la ville que l’on s’aperçoit combien ses tours s’élèvent au-dessus des maisons.

308.

À l’heure de midi. — Lorsque, dans la vie de quelqu’un, le matin fut actif et orageux, quand vient le midi de la vie, l’âme est prise d’une singulière envie de repos qui peut durer des mois et des années. Le silence se fait autour de cet homme, le son des voix s’atténue de plus en plus, le soleil tombe à pic sur sa tête. Sur une prairie, au bord de la forêt, il voit dormir le grand Pan ; toutes les choses de la nature se sont endormies avec lui, une expression d’éternité sur la figure — il lui semble du moins qu’il en est ainsi. Il ne désire rien, il n’a souci de