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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE



277.

La mauvaise induction. — Quelles mauvaises conclusions on tire sur les domaines qui ne vous sont pas familiers, lors même qu’en sa qualité d’homme de science, on a l’habitude de tirer de bonnes conclusions ! C’est honteux à dire. Et il est clair que, dans la grande agitation des questions contemporaines, dans les choses de la politique, dans tout ce que les événements de chaque jour ont de soudain et de hâtif, c’est précisément cette façon de conclusion défectueuse qui décide : car personne ne s’entend jamais tout à fait aux choses nouvelles qui ont poussé en une nuit ; toute politique, même chez les plus grands hommes d’État, est de l’improvisation au hasard des événements.

278.

Prémisses de l’âge des machines. — La presse, la machine, le chemin de fer, le télégraphe sont des prémisses dont personne n’a encore osé tirer la conclusion qui viendra dans mille ans.

279.

Une entrave de la culture. — Ici les hommes n’ont pas de temps pour les affaires productives : l’exercice des armes et les déplacements leur prennent toutes leurs journées, et il faut que le reste de la population les nourrisse et les habille : mais leur costume est voyant, souvent de couleurs variées, comme s’il venait d’une mascarade ; ici l’on admet très peu de qualités distinctives, les indivi-