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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

tue, finit par devenir une agglomération de tout ce qui est bon et digne de vénération, tout à la fois une espèce de temple et de personnalité divine. Elle se dresse désormais comme une vertu spéciale, comme un être à part, ce qu’elle n’était pas jusqu’à présent, et elle exerce les droits et la puissance dont dispose une surhumanité sanctifiée. — Dans la Grèce de la décadence, les villes étaient pleines de ces abstractions divines humanisées (que l’on pardonne le mot singulier à cause de l’idée singulière) ; le peuple s’était arrangé à sa manière une espèce de « ciel des idées » à la façon platonicienne, et je ne crois pas que l’on ait eu l’impression de cet habitant céleste moins vivement que celle d’une quelconque divinité passée de mode.

191.

« Temps d’obscurité ». — On appelle en Norvège « temps d’obscurité » les époques où le soleil demeure toute la journée au-dessous de l’horizon : pendant ce temps la température s’abaisse sans cesse lentement. — Quel merveilleux symbole pour tous les penseurs devant lesquels le soleil de l’avenir humain s’est obscurci pour un temps !

192.

Le philosophe de l’opulence. — Un petit jardin, des figues, du fromage et, avec cela, trois ou quatre bons amis, — ce fut là l’opulence d’Épicure.

193.

Les époques de la vie. — Les véritables époques