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LE VOYAGEUR ET SON OMBRE

science (ou même la philosophie tout entière) a atteint ses limites et se trouve à son but ; la vie qu’il y a dans leur système exerce ce charme : et ce charme a été, à certaines époques, très néfaste pour la science et trompeur pour ces travailleurs de l’esprit vraiment capables, mais à d’autres époques, où régnaient la sécheresse et l’épuisement, semblable à un baume et pareil au souffle rafraîchissant qui vient d’un calme lieu de repos. — Généralement on appelle de pareils hommes des philosophes.

172.

Reconnaissance du talent. — Lorsque je traversai le village de S, un jeune gamin se mit à claquer du fouet de toutes ses forces, — il avait passé maître dans cet art et il le savait. Je lui jetai un regard de reconnaissance, — mais au fond il me faisait horriblement mal. — Nous agissons souvent ainsi dans l’admiration que nous avons pour beaucoup de talents. Nous leur faisons du bien lorsqu’ils nous font du mal.

173.

Rire et sourire. — Plus l’esprit devient joyeux et sûr de lui-même, plus l’homme désapprend le rire bruyant ; par contre il est pris sans cesse d’un sourire plus intellectuel, signe de son étonnement à cause des innombrables ressemblances cachées qu’il y a dans la bonne existence.

174.

Entretien des malades. — De même que lors-