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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE



109.

Le trésor de la prose allemande. — Si l’on fait abstraction des Œuvres de Gœthe et surtout des Entretiens de Gœthe avec Eckermann, le meilleur livre allemand qu’il y ait : que reste-t-il en somme de la littérature allemande en prose qui méritât d’être relu sans cesse ? Les Aphorismes de Lichtenberg, le premier livre de l’Histoire de ma vie de Jung-Stilling, l’Arrière-Saison d’Adalbert Stifter et les Gens de Sildwyla de Gottfried Keller, — et avec cela nous sommes provisoirement au bout du rouleau.

110.

Style écrit et style parlé. — L’art d’écrire demande avant tout des équivalents pour les moyens d’expression qui sont seuls à la portée de celui qui parle : donc pour les gestes, l’accent, le ton, le regard. C’est pourquoi le style écrit est tout autre chose que le style parlé et quelque chose de bien plus difficile : — il veut, avec des moyens moindres, se rendre aussi expressif que celui-ci. Démosthène tint ses discours autrement que nous ne les lisons : il les a refaits pour qu’ils puissent être lus. — Dans le même but, les discours de Cicéron devraient d’abord être démosthénisés : maintenant on y trouve encore beaucoup plus de vestiges du forum romain que le lecteur ne peut en supporter.

111.

Citer avec prudence. — Les jeunes auteurs ne