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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

Mais il y a eu beaucoup de gens qui ont pris des leçons dans son art (surtout les dernières générations de savants allemands) et un grand nombre y a pris plaisir. — Il était inutile, cependant, que ceux qui ont profité de Lessing lui empruntassent, comme cela est arrivé si souvent, ce ton désagréable dans son mélange de combativité et de bravoure honnête. — On est maintenant d’accord sur le « poète lyrique » Lessing : on finira par le devenir sur le « dramaturge ». —

104.

Lecteurs que l’on ne désire pas. — Combien un auteur est tourmenté par ces braves gens à l’âme épaisse et maladroite qui, chaque fois qu’ils se heurtent quelque part, ne manquent pas de tomber et de se faire mal.

105.

Idées de poètes. — Les idées véritables chez les vrais poètes sont toujours voilées, comme les Égyptiennes : seul l’œil profond de la pensée regarde librement par-dessus le voile. — Les idées de poètes ne valent pas autant, en moyenne, qu’elles en ont l’air : c’est qu’il faut payer aussi le voile et sa propre curiosité.

106.

Écrivez simplement et utilement. — Les transitions, les détails, la variété des couleurs dans les passions — tout cela nous en faisons grâce à l’auteur, parce que nous l’apportons avec nous et que