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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

— C’est ce que se prit à dire quelqu’un qui se promenait sous le soleil du matin : quelqu’un qui, en étudiant l’histoire, sentait se transformer sans cesse, non seulement son esprit, mais encore son cœur, et qui, en opposition avec les métaphysiciens, est heureux d’abriter en lui, non pas une âme immortelle, mais beaucoup d’âmes mortelles.

18.

Trois espèces de penseurs. — Il y a des sources minérales qui jaillissent, il y en a d’autres qui coulent, et d’autres encore qui ne viennent que goutte par goutte ; dans le même sens il y a trois espèces de penseurs. Le profane les évalue selon la capacité de l’eau, le connaisseur en examine la teneur, et les juge par conséquent d’après ce qui en eux n’est pas de l’eau.

19.

L’image de la vie. — Vouloir peindre l’image de la vie, cette tâche, bien que présentée par les poètes et les philosophes, n’en est pas moins insensée : sous la main des plus grands peintres et penseurs il ne s’est jamais formé que des images et des esquisses tirées d’une vie, c’est-à-dire de leur propre vie — et il ne saurait en être autrement. Dans une chose qui est en plein devenir, une autre chose qui devient ne saurait se refléter d’une façon fixe et durable, comme « la » vie.

20.

La vérité ne tolère pas d’autres dieux. — La