inquiétant, sur lequel un souci toujours renaissant
semble sonner une mélodie, — nous ne l’entendons
pas, mais quand la poitrine du dormeur se soulève,
nous nous sentons le cœur serré, et quand le
souffle diminue, presque expirant dans un silence
de mort, nous nous disons : « Repose un peu,
pauvre esprit tourmenté ! » Nous souhaitons à tout
vivant, puisqu’il vit dans une telle oppression, un
repos éternel ; la nuit invite à la mort. — Si les
hommes se passaient du soleil et menaient avec
le clair de lune et l’huile le combat contre la
nuit, quelle philosophie les envelopperait de ses
voiles ! On n’observe déjà que trop dans l’être
intellectuel et moral de l’homme, combien, par
cette moitié de ténèbres et d’absence du soleil qui
vient voiler la vie, il est en somme rendu sombre.
Où a pris naissance la théorie du libre arbitre. — Sur l’un, la nécessité plane sous la forme de ses passions, sur l’autre, l’habitude c’est d’écouter et d’obéir, sur le troisième la conscience logique, sur le quatrième le caprice et le plaisir fantasque à sauter les pages. Mais tous les quatre cherchent précisément leur libre arbitre là où chacun est le plus solidement enchaîné : c’est comme si le ver à soie mettait son libre arbitre à filer. D’où cela vient-il ? Évidemment de ce que chacun se tient le plus pour libre là où son sentiment de vivre est le plus fort, partant, comme j’ai dit, tantôt dans la passion, tantôt dans le devoir, tantôt dans la recherche scientifique, tantôt dans la fantaisie. Ce par