Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/194

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE



359.

À travers les vitres dépolies. — Ce que vous voyez du monde, à travers cette fenêtre, est-il donc si beau que vous ne voulez à aucun prix regarder à travers une autre fenêtre, — et que vous essayez même d’empêcher les autres d’en faire la tentative ?

360.

Indices de transformations violentes. — Si l’on rêve de ceux qui sont morts ou oubliés depuis longtemps, c’est le signe qu’une grande transformation s’est opérée en vous et que le sol sur lequel on vit a été profondément fouillé : alors les morts ressuscitent et ce qui était ancien devient nouveau.

361.

Médicament de l’âme. — Rester couché sans bouger et penser peu, c’est là le remède le moins coûteux pour toutes les maladies de l’âme et, lorsque l’on est de bonne volonté, son usage devient d’heure en heure plus agréable.

362.

Classification des esprits. — Tu te classes bien au-dessous de l’autre, car tu cherches à fixer l’exception, mais lui la règle.

363.

Le fataliste. — Il faut que tu croies à la fatalité — la science peut t’y forcer. Ce qui naîtra alors de cette croyance — la lâcheté et la résignation ou la