Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/185

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
185
OPINIONS ET SENTENCES MÊLÉES

qu’il sait faire de mieux, ceux qui lui veulent du bien, mais qui ne sont pas à la hauteur de son acte, se mettent vile à chercher un bouc pour le sacrifier, croyant que c’est le bouc émissaire (Sündenbock — bouc de péché) alors que c’est le bouc de vertu.

329.

Souveraineté. — Vénérer aussi les choses mauvaises et les reconnaître, lorsqu’elle vous plaisent, ignorer totalement comment on peut avoir honte de ce qui vous plaît, c’est le signe de la souveraineté, en grand et en petit.

330.

Celui qui agit sur ses semblables est un fantôme et non pas une réalité. — L’homme éminent apprend peu à peu qu’en tant qu’il agit il est un fantôme dans le cerveau des autres, et il en arrive peut-être à la subtile torture de l’âme de se demander s’il ne faut pas conserver le fantôme de soi pour le bien de ses semblables.

331.

Prendre et donner. — Lorsque l’on a pris la moindre des choses à quelqu’un (ou lorsqu’on l’a prélevée sur lui) il devient aveugle etil ne voit pas qu’on lui a donné des choses infiniment plus grandes, et même la plus grande chose.

332.

Le bon champ. — Tout refus et toute négation