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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

a de meilleur dans les romans allemands qui ont maintenant de la vogue, c’est que l’on n’a pas besoin de les lire : on les connaît déjà. — Le Berlinois paraît être de meilleure composition que l’Allemand du Sud, car, étant excessivement moqueur, il supporte la moquerie : ce qui n’est pas le cas chez les Allemands du Sud. — L’esprit des Allemands est maintenu à un niveau inférieur par la bière et les journaux : il leur recommande le thé et les pamphlets, comme remèdes, bien entendu. — Il conseillait d’examiner les différents peuples de la vieille Europe au point de vue des qualités particulières aux vieillards dont elle présente assez bien les types différents, ceci à la plus grande joie de ceux qui assistent au spectacle du grand tréteau : les Français représentent d’une façon heureuse ce que la vieillesse a de sage et d’aimable, les Anglais l’expérience et la retenue, les Italiens l’innocence et l’aisance. Les autres masques de la vieillesse feraient-ils défaut ? Où est le vieillard hautain ? Où le vieillard despotique ? Où le vieillard cupide ? — Les contrées les plus dangereuses de l’Allemagne sont la Saxe et la Thuringe : on ne trouve nulle part plus d’activité intellectuelle et de science des hommes, avec beaucoup de liberté d’esprit, et tout cela est tellement humble, caché par l’horrible langage et la serviabilité de cette population, que l’on s’aperçoit à peine que l’on a devant soi les sous-officiers intellectuels de l’Allemagne et les maîtres de celle-ci, en bien et en mal. — L’arrogance des Allemands du Nord est maintenue dans ses bornes par leur penchant à obéir, celle des