œuvre civilisatrice. Si l’on passe, par exemple, en
revue tout ce qui a déjà été appelé allemand, il
faudra corriger la question théorique : qu’est-ce
qui est allemand ? en se demandant : qu’est-ce qui
est maintenant allemand ? — et tout bon Allemand
résoudra pratiquement cette question, précisément
en surmontant ses qualités allemandes. Car, lorsqu’un
peuple va de l’avant et grandit, il rompt chaque
fois les entraves qui lui ont conféré jusqu’ici
la considération nationale : si ce peuple s’arrête,
s’il dépérit, de nouvelles entraves se mettent autour
de son âme, la croûte qui devient tous les jours
plus dure forme, en quelque sorte, une prison
dont les murs ne font que s’épaissir. Si un peuple
célèbre beaucoup de fêtes, c’est une preuve qu’il veut
se pétrifier et qu’il aimerait se changer en monument ;
comme ce fut le cas de l’égypticisme à partir
d’une certaine époque. Celui donc qui veut du bien
aux Allemands devra veiller, pour sa part, à grandir
toujours davantage au-dessus de ce qui est
allemand. C’est pourquoi l’orientation vers ce qui
n’est pas allemand fut toujours la marque des
hommes distingués de notre peuple.
Prédilection pour l’étranger. — Un étranger qui voyageait en Allemagne déplut et plut par quelques affirmations, selon les contrées où il séjourna. Tous les Souabes qui ont de l’esprit — avait-il l’habitude de dire — sont coquets. — Mais les autres Souabes continuent à croire qu’Uhland est un poète et que Gœthe fut immoral. — Ce qu’il y