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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

être assez grande pour que la simple convenance leur fasse abandonner le vote à ceux-ci : de sorte que, au sens strict, la loi naîtrait de la raison des plus raisonnables. — Maintenant ce sont les partis qui votent : et, à chaque vote, il doit y avoir des centaines de consciences honteuses — toutes celles des hommes mal informés, incapables de jugements, qui agissent par imitation, que l’on traîne et entraîne. Rien n’abaisse autant la dignité d’une loi nouvelle que la honte forcée de ce manque de probité, à quoi contraint tout vote par partis. Mais, je l’ai déjà dit, il est facile, ridiculement facile, d’élaborer une pareille construction : il n’y a pas de puissance assez forte sur la terre pour la réaliser dans un sens meilleur, — à moins que la croyance en l’utilité supérieure de la science et des savants ne devienne évidente, même pour le plus malveillant, et que l’on ne préfère cette croyance à la foi en le nombre. C’est dans le sens de cet avenir qu’il nous faut dire : « Plus de respect pour l’homme compétent ! Et à bas tous les partis ! »

319.

Le « peuple des penseurs » (celui des mauvais penseurs). — L’indéfini, l’indéterminé, le mystérieux, l’élémentaire, l’intuitif — pour donner des noms vagues à des choses vagues — que l’on dit être les qualités du caractère allemand, seraient, si ces qualités existaient effectivement encore, la preuve que la civilisation allemande est demeurée de plusieurs pas en arrière et qu’elle respire encore l’atmosphère du moyen âge. — Il est vrai qu’un