der celui qui a de l’esprit : autrement, la fortune
est un danger public. Car celui qui possède, lorsqu’il
ne s’entend pas à utiliser les loisirs que lui
donne la fortune, continuera toujours à vouloir
acquérir du bien : cette aspiration sera son amusement,
sa ruse de guerre dans la lutte avec l’ennui.
C’est ainsi que la modeste aisance, qui suffirait
à l’homme intellectuel, se transforme en véritable
richesse, résultat trompeur de dépendance et
de pauvreté intellectuelles. Cependant, le riche apparaît
tout autrement que pourrait le faire attendre
son origine misérable, car il peut prendre le
masque de la culture et de l’art : il peut acheter
ce masque. Par là il éveille l’envie des plus pauvres
et des illettrés — qui jalousent en somme toujours
l’éducation et qui ne voient pas que celle-ci n’est
qu’un masque — et il prépare ainsi peu à peu un
bouleversement social : car la brutalité sous un vernis
de luxe, la vantardise de comédien, par quoi le
riche fait étalage de ses « jouissances de civilisé »,
évoquent, chez le pauvre, l’idée que « l’argent seul
importe », — tandis qu’en réalité, si l’argent importe
quelque peu, l’esprit importe bien davantage.
Le plaisir de commander et d’obéir. — Commander fait plaisir tout autant qu’obéir, la première chose lorsqu’elle n’est pas encore entrée dans les habitudes, la seconde lorsqu’elle est tout à fait entrée dans les habitudes. Les vieux serviteurs et les nouveaux maîtres s’encouragent réciproquement à faire plaisir.