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DEUXIÈME PARTIE

hélas ! de suivre ce chemin, d’une santé de demain et d’après-demain, prédestinés et victorieux comme vous l’êtes, vainqueurs du temps, vous les mieux portants et les plus forts, vous autres bons Européens ! ——

7.

— Qu’il me soit permis, pour finir, de résumer encore dans une formule mon opposition contre le pessimisme romantique, c’est-à-dire le pessimisme des indigents, des mal-venus, des vaincus : il existe une volonté du tragique et du pessimisme qui est un signe de sévérité tout autant que de vigueur intellectuelle (goût, sentiment, conscience). Avec cette volonté au cœur on ne craint pas ce qu’il y a de redoutable et de problématique dans toute espèce d’existence ; on y recherche même ces qualités. Derrière une pareille volonté il y a le courage, la fierté, le désir d’un grand ennemi. Ce fut là d’abord ma perspective pessimiste, — une nouvelle perspective, comme il me semble ? une perspective qui, aujourd’hui encore, est nouvelle et étrange ? Jusqu’à présent, je m’en tiens à elle, et, si l’on veut m’en croire, tant pour moi que (à l’occasion du moins) contre moi… Voulez-vous que cela soit démontré ? Mais quoi encore, si ce n’est cela, aurait été démontré dans cette longue préface ?

Sils-Maria, Engadine supérieure.


Septembre 1886.