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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE



299.

Pia fraus ou autre chose. — Me tromperais-je peut-être : mais il me semble que, dans l’Allemagne actuelle, une double hypocrisie est devenue pour chacun le devoir du moment : on demande le germanisme, dans l’intérêt de la politique de l’empire, et le christianisme par crainte sociale, mais tous deux seulement dans les paroles et les attitudes, et surtout dans la faculté de pouvoir se taire. C’est l’enduit qui coûte maintenant si cher, que l’on paye un si haut prix : c’est à cause des spectateurs que la nation fait prendre à son visage des plis germano-christianisants.

300.

Dans les choses bonnes, le demi vaut mieux que l’entier. — Dans toutes les choses qui sont organisées pour la durée et qui exigent toujours le service de plusieurs personnes, il faut présenter comme règle ce qui est parfois moins bon, bien que l’organisateur connaisse fort bien ce qui est meilleur (et plus difficile) : mais il tablera sur le fait que jamais les personnes qui pourront correspondre à la règle ne devront manquer, — et il sait que c’est la moyenne des forces qui représente la règle. — C’est ce dont un jeune homme se rend rarement compte et il est certain d’être dans le vrai quand il s’affirme novateur et il s’étonne de l’étrange aveuglement des autres.