Page:Nietzsche - Humain, trop humain (2ème partie).djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
164
HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE



286.

Dégoût de la vérité. — C’est le propre de la femme d’avoir du dégoût en face de toutes les vérités (en ce qui concerne l’homme, l’amour, l’enfant, la société, le but de la vie) — et de chercher à se venger de tous ceux qui leur ouvrent les yeux.

287.

La source du grand amour. — D’où peuvent bien naître les passions soudaines d’un homme pour une femme, les passions profondes et intimes ? Elles sont dues à la sensibilité môins qu’à toute autre chose : mais, lorsque l’homme trouve, dans un être, tout à la fois de la faiblesse, du dénuement et de la pétulance, il se passe quelque chose en lui comme si son âme voulait déborder : il se sent en même temps touché et offensé. C’est de ce point sensible que jaillit la source du grand amour.

288.

Propreté. — Il faut développer chez les enfants jusqu’à la passion le sens de la propreté : ce sens s’élève plus tard, par des transformations toujours nouvelles, pour égaler presque toutes les vertus, et il finit par apparaître comme une compensation de toute espèce de talents, comme une enveloppe lumineuse de pureté, de modération, de douceur, de caractère — portant le bonheur en lui, répandant le bonheur autour de lui.