vants sont ceux qui regardent véritablement le
monde ; au troisième degré il arrive quelque chose
au voyageur par suite de sos observations ; au
quatrième les voyageurs retiennent ce qu’ils ont
vécu et ils continuent à le porter en eux ; et enfin
il y a quelques hommes d’une puissance supérieure
qui, nécessairement, finissent par étaler au grand
jour tout ce qu’ils ont vu, après l’avoir vécu et se
l’être assimilé ; ils revivent alors leurs voyages en
œuvres et en actions, dès qu’ils sont revenus chez
eux. — Semblables à ces cinq catégories de voyageurs,
tous les hommes traversent le grand pèlerinage
de la vie, les inférieurs d’une façon purement
passive, les supérieurs en hommes d’action
qui savent vivre tout ce qui leur arrive, sans garder
en eux un excédent d’événements intérieurs.
En montant plus haut — Dès que l’on monte
plus haut que ceux qui vous ont admiré jusqu’alors,
ceux-ci vous tiennent pour tombé et déchu,
car ils s’imaginaient, en toute circonstance, être à
la hauteur (ne fût-ce même que par vous).
Mesure et milieu. — Il vaut mieux ne jamais parler de deux choses tout à fait supérieures : la mesure et le milieu. Un petit nombre seulement en connaît la force et sait en reconnaître les indices sur les sentes mystérieuses des événements et des évolutions intérieures : il vénère en elles quelque chose de divin et craint de parler trop haut. Les autres