assez inventive à trouver des subterfuges et des
raisons de tranquillité ; en cela c’est certainement
une religion pleine d’esprit. — À vrai dire, la foi
n’a pas encore réussi à déplacer de vraies montagnes,
quoique cela ait été affirmé par je ne sais
plus qui ; mais elle sait placer des montagnes où il
n’y en a point.
La tragi-comédie de Ratisbonne. — On peut voir çà et là, avec une épouvantable précision, la bouffonnerie de la fortune, qui, en peu de jours, en un seul endroit, attache aux impulsions et aux fantaisies d’un seul individu la corde sur laquelle elle veut faire danser les siècles prochains. C’est ainsi que la destinée de l’histoire moderne en Allemagne s’est jouée durant ces journées de la disputation de Ratisbonne[1] : le dénouement pacifique dans les choses ecclésiastiques et morales, sans guerre de religion et contre-réforme, semblait assuré, de même que l’unité de la nation allemande. L’esprit profond et doux de Contarini plana pendant un moment victorieusement, sur les disputes théologiques, donnant ainsi un exemple de la piété italienne plus mûre, cette piété qui portait sur ses ailes l’aurore de la liberté intellectuelle. Mais le cerveau obtus de Luther, plein de soupçons et de craintes sinistres, se rebiffa : puisque la justification par la grâce avait été sa plus grande découverte à lui, qu’elle lui apparais-
- ↑ La disputation de Ratisbonne eut lieu en 1541 — N. du T.