ordonner, embellir, aplanir — il en est ainsi depuis
Homère jusqu’aux Sophistes du troisième et du
quatrième siècle de notre ère, qui, eux, ne sont
qu’extérieur, mots pompeux, gestes enthousiastes,
et qui ne s’adressent qu’à des âmes creuses, avises
d’artifices, de résonnance et d’effets. — Et à côté
de cela appréciez à leur entière valeur ces Grecs
d’exception qui créèrent les sciences ! Qui d’entre
eux raconte, raconte l’histoire héroïque de l’esprit
humain !
Ce qui est simple ne se présente ni en premier ni en dernier lieu. — Dans l’histoire des représentations religieuses on se fait souvent une idée fausse sur l’évolution et le lent développement de certaines choses qui, en réalité, n’ont pas grandi successivement et l’une par l’autre, mais simultanément et séparément. Ce qui est simple, notamment, a beaucoup trop la réputation d’être ce qu’il y a de plus ancien et d’avoir existé dès le début. Beaucoup de choses humaines naissent par soustraction, et non pas précisément par duplication, adjonction et confusion. — On croit, par exemple, toujours à un développement graduel de la figuration des dieux, depuis les bûches de bois et les rochers informes, jusqu’au haut de l’échelle, à une humanisation complète : au contraire, tant que la divinité était transportée et adorée dans les arbres, les bûches, les pierres, les animaux, on répugnait à lui donner forme humaine, comme si l’on craignait une impiété. Ce sont les poètes qui, en dehors du