les Grecs montrent ce sens merveilleux des réalités
typiques qui les rendit capables, plus tard, de
devenir des savants, des historiens, des géographes
et des philosophes. Ce n’était pas une loi
morale, dictée par les prêtres et les castes, qui
avait à décider de la constitution de l’État et du
culte de l’État, mais l’égard universel à la réalité
de tout ce qui est humain. — D’où, les Grecs tiennent-ils
cette liberté, ce sens pour le réel ? Peut-être
d’Homère et des poètes qui l’ont précédé ; car
ce sont précisément les poètes, dont la nature n’est
généralement pas des plus justes et des plus sages,
ce sont les poètes qui ont en propre ce goût du
réel, de l’effet sous toutes leurs formes, et ils n’ont
pas la prétention de nier complètement le mal : il
leur suffit de le voir se modérer, renonçant à vouloir
tout massacrer ou à empoisonner les âmes —
ce qui veut dire qu’ils sont du même avis que les
fondateurs d’États en Grèce et qu’ils ont été les maîtres
et les précurseurs.
Grecs exceptionnels. — En Grèce, les esprits profonds et sérieux étaient les exceptions : l’instinct du peuple tendait, au contraire, à considérer plutôt ce qui est sérieux et profond comme une espèce de déformation. Emprunter les formes à l’étranger, non point les créer, mais les transformer jusqu’à leur faire revêtir la plus belle apparence — c’est cela qui est grec : imiter, non pour utiliser, mais pour créer l’illusion artistique, se rendre mattre toujours à nouveau du sérieux imposé,