tiques, et aussi, comme il me semble, le chemin
vers moi-même, — le chemin de ma tâche. Ce
quelque chose de caché et de dominateur qui longtemps
pour nous demeure innommé, jusqu’à ce
qu’enfin nous découvrions que c’est là notre tâche,
— ce tyran prend sur nous et en nous une terrible
revanche, à chaque tentative que nous faisons pour
l’éviter et pour lui échapper, à chaque décision
prématurée, à chaque essai pour nous assimiler à
ceux dont nous ne faisons point partie, chaque fois
que nous nous adonnons à une occupation, si estimable
soit-elle, qui nous détourne de notre objet
principal, — et il se venge même de chacune de
nos vertus qui voudrait nous protéger contre la
rigueur de notre responsabilité la plus intime. La
maladie est chaque fois le contre-coup de nos doutes,
quand notre droit et notre tâche nous paraissent
incertains, — quand nous commençons à nous
relâcher quelque peu. Chose étrange et terrible en
même temps ! Ce sont nos allègements qu’il nous
faut expier le plus durement ! Et si, plus tard, nous
voulons revenir à la santé, il ne nous reste pas de
choix : nous devons nous charger plus lourdement
que nous ne l’avons jamais été…
— C’est alors seulement que j’appris ce langage d’ermite, à quoi ne s’entendent que les plus silencieux et les plus souffrants : je parlai sans témoins, ou plutôt avec l’indifférence vis-à-vis des témoins, pour ne pas souffrir du silence, je parlai de choses qui ne me regardaient pas, mais sur le ton que