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HUMAIN, TROP HUMAIN, DEUXIÈME PARTIE

pareil sacrifice de la personnalité. Il faut ajouter à cela un autre dommage dont elles ont conscience : leur genre d’occupation, une constante invite à la plus grande sobriété, affaiblit leur volonté ; le feu est moins vivement entretenu que sur le foyer des natures poétiques : c’est pourquoi les natures scientifiques perdent plus souvent que celles-ci, à un âge peu avancé, leur belle vigueur et leur floraison — et elles n’ignorent pes ce danger. Dans toutes les circonstances elles paraîtront moins douées parce qu’elles brillent moins, et elles compteront moins qu’elles ne valent.

207.

En quoi la piété obscurcit. — Oh attribue au grand homme, dans les siècles qui lui succèdent, toutes les qualités et toutes les vertus du siècle où il a vécu — et c’est ainsi que les meilleures choses sont sans cesse obscurcies par la piété qui ne voit en elles’que des images saintes où l’on place et suspend des offrandes de toutes sortes — jusqu’à ce qu’elles finissent par être complètement couvertes et enveloppées et qu’elles apparaissent plutôt comme des objets de foi que de contemplation.

208.

Être placé sur la tête. — Lorsque nous plaçons la vérité sur la tête, nous ne nous apercevons généralement pas que notre tête, elle aussi, n’est pas placée où elle devrait.