dement à avoir des loisirs et l’envie que l’on porte
aux riches deviendrait plus rare — ce serait un
avantage pour la stabilité de la société ; ou bien ils
continueraient à avoir des loisirs, mais apprendraient
à réfléchir — ce que l’on peut apprendre
et désapprendre, — à réfléchir sur leur travail par
exemple, sur leurs relations, çur les joies qu’ils
pourraient procurer : dans les deux cas, le monde
entier, sauf les artistes, en tirerait des avantages.
— Il y a certainement maint lecteur plein de vigueur
et de sens qui pourrait présenter ici une
bonne objection. À cause des gens grossiers et
mal intentionnés je tiens à dire qu’ici, comme bien
souvent dans ce livre, ce qui importe à l’auteur c’est
l’objection et que l’on pourra y lire bien des choses
qui n’y sont pas précisément écrites. —
Les porte-parole des dieux. — Le poète exprime les opinions générales et supérieures que possède un peuple, il en est le porte-parole et la flûte, — mais, grâce au mètre et à tous les autres moyens artistiques, il les exprime de façon à ce que le peuple les prenne pour quelque chose de tout nouveau et de merveilleux, et se figure sérieusement que le poète est le porte-parole des dieux. Enveloppé dans les nuages de la création, le poète lui-même oublie d’où il tient toute sa sagesse intellectuelle — de ses père et mère, des maîtres et des livres de tous genres, de la rue, et surtout des prêtres ; il est trompé par son propre art et il croit vraiment, aux époques naïves, que Dieu parle par sa bouche, qu’il crée dans