de nouveau à la surface : il doit agir ainsi surtout
pour ce qui en est des passions, des douleurs de
l’âme et des craintes, et faire transparaître, dans la
laideur inévitable ou insurmontable, ce qui y est
significatif. Après cette tâche de l’art, dont la grandeur
va jusqu’à l’énormité, l’art que l’on appelle
véritable, l’art des œuvres d’art n’est qu’accessoire.
L’homme qui sent en lui un excédent de ces
forces qui embellissent, cachent, transforment,
finira par chercher à s’alléger de cet excédent par
l’œuvre d’art ; dans certaines circonstances c’est tout
un peuple qui agira ainsi. — Mais on a l’habitude
maintenant de commencer l’art par la fin, on se
suspend à sa queue, avec l’idée que l’art des œuvres
d’art est le principal et que c’est, en partant de cet
art, que la vie doit être améliorée et transformée,
— fous que nous sommes ! Si nous commençons
le repas par le dessert, goûtant à un plat sucré
après l’autre, quoi d’étonnant si nous nous gâtons
l’estomac et même l’appétit pour le bon festin, fortifiant
et nourrissant, à quoi l’art nous convie ?
Persistance de l’art. — À quoi un art des œuvres d’art doit-il en somme sa persistance ? Au fait que la plupart des gens qui ont des heures de loisirs — et pour ceux-ci seulement, il y a un pareil art, — ne croient pas pouvoir venir à bout de leur temps sans faire de la musique, aller au théâtre, visiter les expositions, lire des romans et des vers. En admettant que l’on puisse les détourner de cette satisfaction, ils aspireraient moins avi-