vent à la tentation séduisante de faire les déductions contraires, qui d’une manière générale sont naturellement aussi erronées : une chose ne peut pas s’imposer, donc elle est bonne ; une opinion cause de la détresse, de l’inquiétude, donc elle est
vraie.
L’illogique nécessaire. — Entre les choses qui
peuvent porter un penseur au désespoir, il faut
compter le fait de reconnaître que l’illogique est
nécessaire aux hommes et que de l’illogique prend
naissance beaucoup de bien. Il est si solidement
ancré dans les passions, dans le langage, dans l’art,
dans la religion, et généralement dans tout ce qui
prête du prix à la vie, que l’on ne peut l’en retirer
sans porter ainsi à ces belles choses un incurable
préjudice. Seuls des hommes par trop naïfs peuvent
croire que la nature de l’homme puisse être changée en une nature purement logique ; mais s’il
devait y avoir des degrés d’approche vers le but,
quelles pertes ne ferait-on pas sur ce chemin ! Même
l’homme le plus raisonnable a besoin de temps en
temps de retourner à la nature, c’est-à-dire à sa
relation fondamentale illogique avec toutes choses.
Injustice nécessaire. — Tous les jugements