Page:Nietzsche - Humain, trop humain (1ère partie).djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
41
HUMAIN, TROP HUMAIN


vie et à ses problèmes y prend peut-être plus de flamme encore.

18.

Questions fondamentales de la métaphysique. — Quand une fois l’histoire de la genèse de la pensée sera écrite, la phrase suivante d’un logicien distingué se trouvera éclairée d’une nouvelle lumière : « La loi générale originelle du sujet connaissant consiste dans la nécessité intérieure de reconnaître tout objet en soi, dans son essence propre, pour un objet identique à lui-même, ainsi existant par lui-même et au fond restant toujours semblable et immobile, bref pour une substance. » Même cette loi, qui est nommée ici "originelle", est le résultat d’un devenir ; on montrera un jour comment, dans les organismes inférieurs, cette tendance naît peu à peu : comment les faibles yeux de taupes de ces organisations ne voient d’abord rien que toujours l’identique ; comment ensuite, lorsque les diverses émotions de plaisir et de déplaisir se font plus sensibles, peu à peu sont distinguées diverses substances, mais chacune avec un seul attribut, c’est-à-dire une relation unique avec un tel organisme. — Le premier degré du logique est le jugement : dont l’essence consiste, selon l’affirmation des meilleurs logiciens, dans la croyance. Toute croyance a pour fondement la sensation de l’agréable ou du pénible par rapport