tout, je voudrais, savoir combien, dans une récapitulation totale, on doit pardonner à un peuple qui,
non sans notre faute à tous, a parmi tous les peuples eu l’histoire la plus pénible, et à qui l’on doit
l’homme le plus digne d’amour (le Christ), le sage
le plus intègre (Spinoza), le livre le plus puissant et
la loi morale la plus influente du monde. En outre :
aux temps les plus sombres du moyen-âge, quand
le rideau des nuages asiatiques pesait lourdement
sur l’Europe, ce furent des libres-penseurs, des savants, des médecins juifs qui maintinrent le drapeau
des lumières et de l’indépendance d’esprit sous la
contrainte personnelle la plus dure, et qui défendirent l’Europe contre l’Asie ; c’est à leurs efforts
que nous devons en grande partie qu’une explication du monde plus naturelle, plus raisonnable,
et en tout cas affranchie du mythe, ait enfin pu ressaisir là victoire, et que la chaîne de la civilisation,
qui nous rattache maintenant aux lumières de l’antiquité gréco-romaine, soit restée ininterrompue. Si
le christianisme a tout fait pour orientaliser l’Occident, c’est le judaïsme qui a surtout contribué à
l’occidentaliser de nouveau : ce qui revient à dire
en un certain sens, à rendre la mission et l’histoire de l’Europe une continuation de l’histoire grecque.
Supériorité apparente du moyen-âge. — Le moyen-