toute obligation envers une chose dont le fondement
est si injuste : ils ne considèrent qu’un fait isolé.
Tout le passé de l’ancienne civilisation est fondé sur
la violence, l’esclavage, la tromperie, l’erreur ; mais
nous ne pouvons pas nous-mêmes, héritiers que
nous sommes de toutes ces circonstances, et concrétions de tout ce passé, l’anéantir par décret, et
nous n’avons pas le droit d’en supprimer un seul
morceau. Les sentiments d’injustice sont également
dans les âmes des non-possédants, ils ne sont pas
meilleurs que les possédants et n’ont pas un privilège moral, car ils ont eu quelque part des ancêtres
possédants. Ce n’est pas de nouveaux partages par
la violence, mais de transformations graduelles
des idées qu’on a besoin ; il faut que chez tous la
justice devienne plus forte, l’instinct de violence
plus faible.
L’homme de barre des passions. — L’homme d’État provoque des passions publiques pour avoir le profit de la passion contraire qu’elles éveillent. Pour prendre un exemple : un homme d’État allemand sait bien que l’Église catholique n’aura jamais des desseins identiques à ceux de la Russie, que même elle s’unirait aux Turcs plutôt qu’à elle ; d’autre part il sait que tout danger d’alliance entre France et Russie estime menace pour l’Allemagne. S’il peut alors arriver à faire de la France le foyer et le rem-