une invention de leur adresse, en ce sens que, par
toutes ces idéalisations de l’amour, elles augmentent
leur pouvoir et se montrent aux yeux des hommes
toujours plus désirables. Mais l’accoutumance séculaire
à cette estime exagérée de l’amour a fait
qu’elles sont tombées dans leur propre filet et ont
oublié cette origine. Elles-mêmes sont à présent
plus dupes encore que les hommes, et partant
souffrent plus aussi de la désillusion qui se produira
presque nécessairement dans la vie de toute
femme — à supposer qu’elle ait d’ailleurs assez
d’imagination etd’esprit pour pouvoir subir illusion
et désillusion.
À propos de l’émancipation des femmes. — Les femmes peuvent-elles d’une façon générale être justes, étant si accoutumées à aimer, à prendre d’abord des sentiments pour ou contre ? C’est d’ailleurs pour cela qu’elles sont rarement éprises des choses, plus souvent des personnes ; mais quand elles le sont des choses, elles en font aussitôt une affaire de parti et ainsi en corrompent l’action pure et innocente. De là naît un danger qui n’est pas méprisable, si on leur confie la politique et certaines parties de la science (par exemple l’histoire). Car qu’y aurait-il de plus rare qu’une femme qui saurait réellement ce que c’est que la science ? Les meilleures mêmes nourrissent à son égard dans