qu’on leur accorde, leur semble un miracle de générosité.
Les heures d’éloquence. — L’un a, pour bien
parlai-, besoin de quelqu’un qui lui soit décidément
et notoirement supérieur, l’autre ne peut trouver
que devant quelqu’un qu’il domine une pleine liberté
de parole et d’heureux tours d’élocution : dans les
deux cas, la raison est la même ; chacun d’eux ne
parle bien que quand il parle sans gêne, l’un parce
que devant son supérieur il ne sent pas l’aiguillon
de la concurrence, de la rivalité, l’autre parce qu’il
est dans le même cas devant l’inférieur. — Maintenant, il est une tout autre espèce d’hommes, qui
ne parlent bien que s’ils parlent dans l’émulation,
avec l’intention de vaincre. Laquelle des deux espèces est la plus ambitieuse, celle qui parle bien
quand s’éveille son ambition, ou celle qui, pour le
même motif, parle mal ou pas du tout ?
Le talent de l’amitié. — Parmi les hommes qui ont un don particulier pour l’amitié, deux types se présentent. L’un est en élévation continue et trouve pour chaque phase de son développement un ami exactement convenable. La série d’amis qu’il se fait de cette façon est rarement en liaison mutuelle, parfois elle est en mésintelligence et en