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HUMAIN, TROP HUMAIN

tion nouvelle, laquelle n’a jamais existé. Mais la paresse qui est au fond de l’âme de l’homme actif l’empêche de puiser l’eau à sa propre fontaine. — Il en va de la liberté des opinions comme de la santé, l’une et l’autre sont individuelles, de l’une et de l’autre on ne peut poser une conception d’une valeur générale. Ce qui est nécessaire à un individu pour sa santé est pour un autre déjà une cause de maladie, et beaucoup de moyens et de voies qui mènent à la liberté de l’esprit peuvent, pour des natures d’un degré plus haut de développement, être des moyens et des voies de dépendance.

287.

Censor vitæ. — L’alternance de l’amour et de la haine distingue pour longtemps l’état intérieur d’un homme qui veut être libre dans son jugement sur la vie ; il n’oublie rien et met tout au compte des choses, bon et mauvais. À la fin, lorsque toute la table de son âme est couverte des notes de l’expérience, iln’aura plus pour l’existence de mépris et de haine, ni non plus d’amour, mais il résidera au-dessus d’elle, tantôt avec un regard de joie, tantôt avec un regard de deuil, et, pareil à la nature, aura dans la pensée tantôt l’été, tantôt l’automne.

288.

Conséquence accessoire. — Celui qui veut sérieu-