plus grand nombre de cordes. Il est dans l’essence
de la culture supérieure, à plusieurs cordes,
d’être toujours interprétée à faux par l’inférieure ;
c’est ce qui arrive par exemple quand l’art passe
pour une forme déguisée de la religiosité. Il y a
même des gens, qui ne sont que religieux, pour
entendre jusqu’à la science comme une recherche
du sentiment religieux, tout comme les sourds-muets ne savent pas ce qu’est la musique, sinon un
mouvement visible.
Lamento. — Ce sont peut-être les avantages de notre époque qui amènent avec eux un recul et, à l’occasion, une dépréciation de la vita contemplativa. Mais il faut bien s’avouer que notre temps est pauvre en grands moralistes, que Pascal, Épictète, Sénèque, Plutarque, sont à présent peu lus, que le travail et le zèle — autrefois escorte de la grande déesse Santé — semblent parfois sévir comme une maladie. Comme le temps manque pour penser et garder le calme dans la pensée, on n’étudie plus les opinions divergentes : on se contente de les haïr. Dans l’énorme hâte de la vie, l’esprit et l’œil sont accoutumés à une vision et à un jugement incomplets et faux, et chacun ressemble aux voyageurs qui font connaissance avec le pays et la population sans quitter le chemin de fer. Une attitude indé-