qu’on tolérait cela dans l’art, quoiqu’on n’en voulût
pas dans la vie : de même qu’aujourd’hui tout
pathétique nous est insupportable dans la vie, bien
que dans l’art le spectacle nous en plaise. — Les
femmes n’avaient au reste d’autre devoir que d’enfanter
de beaux corps puissants, où le caractère
du père revivait autant que possible sans interruption,
et par là d’opposer une résistance à la surexcitation
nerveuse croissante d’une civilisation supérieurement
développée. C’est ce qui maintint la
civilisation grecque dans une jeunesse relativement
si longue ; car, dans les mères grecques, le génie
de la Grèce revenait toujours à la nature.
Le préjugé en faveur de la grandeur. — Les hommes font évidemment trop d’estime de tout ce qui est grand et éminent. Cela vient de l’idée consciente ou inconsciente qu’ils trouveront toujours leur intérêt à ce qu’un individu applique toutes ses forces à un seul domaine et qu’il fasse de soi une sorte de monstrueux organe unique. Assurément l’homme lui-même tire plus de profit et de bonheur d’un perfectionnement proportionnel de ses forces ; en effet tout talent est un vampire qui suce le sang et la vigueur des autres forces, et une production exagérée peut conduire l’homme le mieux doué presque à la folie. Dans les arts aussi les