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HUMAIN, TROP HUMAIN


l’époque classique est une culture d’hommes. En ce qui concerne les femmes, Périclès, dans son Discours funèbre, dit tout en ces mots : le mieux est pour edes qu’il soit parlé d’elles le moins possible entre hommes. — Les relations érotiques des hommes avec les adolescents furent, à un point que notre intelligence ne peut comprendre, la condition nécessaire, unique, de toute éducation virile (à peu près de même que toute éducation élevée des femmes ne fut longtemps chez nous amenée que par l’amour et le mariage). Tout l’idéalisme de la force de la nature grecque se porta sur ces relations, et probablement jamais les jeunes gens n’ont été traités avec autant de sollicitude, d’affection, et d’égard absolu à leur plus grand bien (virtus), qu’aux sixième et cinquième siècles, — ainsi conformément à la belle maxime d’Hölderlin : « Car c’est en aimant que le mortel produit le plus de bien. » Plus s’élevait la conception de ces relations, plus s’abaissait le commerce avec la femme : le point de vue de la procréation des enfants et de la volupté — rien de plus n’y entrait en considération ; il n’y avait point commerce intellectuel, encore moins amour véritable. Si l’on considère encore qu’elles-mêmes étaient exclues des jeux et des spectacles de toute sorte, il ne reste que les cultes religieux comme moyen de culture supérieure des femmes. — S’il est vrai pourtant que dans la tragédie on représentait Électre et Antigone, c’est