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HUMAIN, TROP HUMAIN


plus raffinée chez des historiens et des peintres de la civilisation, à qui toutes les juxtapositions de faits dénuées de sens, dont abonde pourtant la vie des particuliers et des peuples, a coutume d’inspirer une sorte d’hydrophobie.

256.

Le pouvoir, non le savoir, exercé par la science. — La valeur du fait qu’on a passé quelque temps à pratiquer exactement une science exacte ne réside pas dans ses résultats ; car, en proportion de la mer des objets de science, ceux-ci ne sont qu’une quantité insignifiante. Mais on en retire un accroissement d’énergie, de capacité de raisonner, de constance à persévérer ; on a appris à atteindre une fin par des moyens appropriés à la fin. C’est en ce sens qu’il est très précieux, en vue de tout ce que l’on fera plus tard, d’avoir été un jour homme de science.

257.

Attrait de jeunesse de la science. — La recherche de la vérité a maintenant encore l’attrait de se distinguer partout fortement de l’erreur devenue décrépite et ennuyeuse ; cet attrait va se perdant de jour en jour. Aujourd’hui, nous vivons, il est vrai, encore dans la jeunesse de la science et nous