la conséquence de la foi : Vous allez dès à présent
sentir l’avantage de la foi, expliquait-il, vous allez
devenir heureux par elle. En fait, c’est ainsi que
l’État se conduit, et tout père élève son fils de pareille
façon : Tiens seulement cela pour vrai, dit-il,
tu sentiras comme cela fait du bien. Mais cela signifie
que de l’utilité personnelle que rapporte une
opinion, on est censé tirer la preuve de sa vérité ;
le rapport d’une théorie passe pour garantie de sa
sûreté et de sa justification intellectuelles. C’est
comme si le prévenu disait devant le tribunal :
Mon défenseur ne dit que la vérité, car regardez
seulement ce qui suit de son discours : je serai
acquitté. — Comme les esprits serfs ont leurs principes
à cause de leur utilité, ils conjecturent de
même à l’égard de l’esprit libre, qu’il cherche également
son utilité par ses convictions et ne tient
pour vrai que ce qui l’édifie. Or, comme ce qui paraît
lui être utile est justement l’opposé de ce qui
est utile à ses compatriotes ou confrères, ils admettent
que ses principes leur sont dangereux ; ils disent
et sentent ceci : Il ne peut pas avoir raison, car il
lious cause du dommage.
Le caractère fort et bon. — La servitude des convictions, devenue par l’habitude instinct, conduit à ce que l’on nomme force de caractère. Quand quelqu’un agit par un petit nombre de motifs,