chrétienté et l’Angleterre et les a admises sans raison,
comme un homme qui est né dans un pays
vignoble devient buveur de vin. Plus tard, lorsqu’il
était chrétien et Anglais, il a peut-être aussi trouvé
de son fonds quelques raisons en faveur de son
habitude ; on a beau renverser ces raisons, on ne
le renverse pas par là de toute sa position. Qu’on
oblige par exemple un esprit dépendant à donner
ses raisons contre la bigamie, on verra par expérience
si son zèle sacré pour la monogamie repose
sur des raisons ou sur l’accoutumance. L’accoutumance
à des principes intellectuels sans raisons est
ce qu’on nomme croyance.
Conclu des conséquences au fondé et non-fondé. — Tous les états et ordres de la société : les classes, le mariage, l’éducation, le droit, tout cela n’a sa force et sa durée que dans la foi qu’y ont les esprits serfs, — partant dans l’absence de raisons, au moins dans le fait qu’on écarte les questions touchant leurs raisons. C’est ce que les esprits serfs n’aiment pas à concéder, et ils sentent bien que c’est un pudendum. Le christianisme, qui était fort innocent dans ses fantaisies intellectuelles, ne remarquait rien de ce pudendum, demandait de la foi, et rien que de la foi, repoussant avec passion la demande de raisons justificatives ; il attirait l’attention sur