manque de mesure et de frein toujours plus grand.
— Mais quel droit notre temps a-t-il en général à
donner une réponse à la grande question de Platon
touchant l’influence morale de l’art ? Aurions-nous
même l’art, — où prenons-nous l’influence, une
influence quelconque de l’art ?
Plaisir pris à l’absurde. — Comment l’homme
peut-il prendre plaisir à l’absurde ? Aussi loin, en
vérité qu’il y a du rire dans le monde, c’est là le
cas ; l’on petit même dire que, presque partout où
il y a du bonheur, il y a plaisir pris à l’absurde. Le
renversement de l’expérience en son contraire, de
ce qui a un but en ce qui n’en a point, du nécessaire
en capricieux, sans pourtant que ce fait cause
aucun dommage et soit jamais conçu que par
.bonne humeur, est un sujet de joie, car il nous
délivre momentanément de la contrainte de la nécessité,
de l’appropriation à des fins, et de l’expérience,
dans lesquelles nous voyons pour l’ordinaire
nos maîtres impitoyables ; nous jouons et nous
rions alors que l’attendu (qui d’ordinaire porte
ombrage et inquiétude) se réalise sans nuire. C’est
la joie des esclaves aux fêtes des Saturnales.
Ennoblissement de la réalité. — Parce que les