toujours assez d’importance pour exciter chez les
non-saints un intérêt et une admiration durables, il
fallait que les sens fussent de plus en plus honnis
et flétris, bien plus, que le danger de damnation
éternelle fût si étroitement lié à ces choses que,
très vraisemblablement, durant des siècles entiers,
les chrétiens ne firent des enfants qu’avec des remords : quel dommage peut en avoir éprouvé l’humanité ! Et cependant la vérité se tient là la tête
en bas : attitude particulièrement indécente pour
la vérité. Il est vrai que le christianisme avait dit :
tout homme est conçu et né dans le péché, et dans
le christianisme superlatif de Calderon cette idée
apparaît encore une fois condensée et ramassée,
sous la forme du plus bizarre paradoxe qu’il y ait,
dans les vers connus :
Le plus grand crime de l’homme
est d’être né.
Dans toutes les religions pessimistes, l’acte de génération est regardé comme mauvais en soi. Ce n’est pas le moins du monde un jugement des hommes en général, pas même le jugement de tous les pessimistes. Empédocle, par exemple, n’y voit rien de honteux, de diabolique, de criminel ; au contraire il ne voit dans la grande prairie de perdition qu’une seule apparition portant le salut et l’espoir, Aphrodite ; elle lui est caution que la Discorde ne dominera pas éternellement, mais cédera un jour le