figuré. Ensuite il est anxieux en pensant à ce même
être, attendu qu’il flotte devant son imagination
comme une justice punissante : dans tous les détails
possibles de la vie, grands et petits, il croit reconnaître son courroux, ses menaces, même sentir par
avance les coups de fouet de ses juges et de ses
bourreaux. Oui le secourra dans ce danger, qui,
par la perspective d’une incommensurable durée
de la peine, surpasse en cruauté tous les autres
effrois de l’imagination ?
Avant de nous représenter cette situation dans ses conséquences ultérieures, avouons-nous cependant que l’homme n’est pas arrivé dans cette situation par sa faute et son « péché », mais par une série d’erreurs de la raison, que c’est la faute du miroir si son être lui est apparu à ce degré sombre et hideux, et que ce miroir était son œuvre, l’œuvre très imparfaite de l’imagination et du jugement humains. Premièrement, un être qui serait capable exclusivement d’actions pures de tout égoïsme est plus fabuleux encore que l’oiseau phénix ; on ne peut se le représenter clairement, par la bonne raison déjà que toute l’idée d’« action non-égoïste », à l’analyse exacte, s’évanouit dans l’air. Jamais un homme n’a fait quoi que ce soit qui fût fait exclusivement pour d’autres et sans aucun mobile per-